| Joueb.com
Envie de créer un weblog ? |
|
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web. |
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
| Joueb.com
Envie de créer un weblog ? |
|
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web. |
Bon, alors voilà, pour changer, j'ai l'impression d'être en pleine crise existentielle. Me semble que j'entends déjà quelqu'un, un gars d'environ 20 ans semi-lobotomisé disons, chialer derrière l'écran de son ordinateur: "Ah, mais qu'est-ce qu'elle est chiante, celle-là!".
J'aurais pas grand chose à répondre, c'est vrai que je me prends la tête plus que nécessaire. Y a quelques semaines, je discutais avec ma prof de psycho du sens de la vie (...) et puis je me rappelle de lui avoir balancé un truc du genre "Oui bon vous savez, moi, je voudrais pas non plus passer à travers ma vie sans me poser de questions". Elle m'a regardée dix bonnes secondes, elle a essayé de garder son sérieux, je vous jure elle faisait de ces efforts, mais c'était une cause perdue d'avance. Elle s'est mise à rire, c'était incroyable! de bon coeur, le souffle court et avec les épaules qui tressautaient comme si elle faisait du rodéo. Tout ce qu'elle a pu me répondre, un coup son hilarité passée, c'est un faible "Je crois pas que ça risque de t'arriver".
Conclusion: je suis une machine à questions. Bah, c'est pas plus mauvais que ça. Et d'ailleurs, j'en ai une nouvelle: bon dieu, mais qu'est-ce que je suis en train de faire de ma vie?
Ouaip, rien que ça. Je pourrais aller me faire une tasse de thé, ouvrir la revue cosmo et je suis sûre qu'eux, ils auraient une belle petite réponse à me donner. "Si vous avez un maximum de A, c'est que vous êtes trop stressée. Relaxez! Cessez de vous poser trop de questions, chéri trouvera les réponses pour vous. D'ici là, allez lui préparer un bon petit repas ou faites-vous une pédicure. Tout vous semblera plus clair après". Okay, mais si l'odeur du verni à ongles me donne mal à la tête, han? Vous avez pas pensé à ça? Nah, je suis vraiment condamnée aux interminables questions.
J'ai commencé un stage en physique la semaine dernière. Et en ce moment, ce que je me dis, c'est que je vais encore décevoir des gens. C'est inévitable. J'avais finalement opté pour la physique, me disant que ça me plaisait "assez", mais j'aurais dû définir ce que représente "assez" lorsqu'il s'agit d'y consacrer une bonne partie de sa vie. Okay, j'ai adoré faire la relativité et quand on en vient aux expériences sur la double nature du photon, je me tape un orgasme philosophique. Soit. Les études en physique, c'est pas vraiment ça. C'est davantage passer 7 heures par jour derrière un écran d'ordi à faire des simulations. C'est travailler avec une gang de maniaques te disant "Bon, tu iras faire les tests cet après-midi, d'ici là, lis le manuel d'utilisation de 500 pages en anglais pour savoir quoi faire tantôt". C'est aussi une dictature des nerds. Reconstitution d'une pause-café:
Personne 1: T'as compris, toi, pourquoi on a un Zernike peu élevé en sphéricité pour la lentille LA5445?
(Et j'ai bien dit pause-café)
Personne 2: On n'a probablement pas le bon reference flat.
(Éclats de rire convenus)
Personne 1: Ah oui, évidemment!
(Dans ma tête, sarcastique: Bien oui, évidemmmmmment! Ça tombe sous le sens!)
De toutes les personnes que j'ai rencontrées jusqu'à maintenant, une seule, oui, une seule! a été capable de soutenir une conversation sur quelque chose qui ne relevait pas de la physique. Peut-être deux, max. Et puis je n'ai jamais autant détonné dans un endroit, c'est comme une petite mort. Il faut se donner complètement à la physique, on dirait. Pour passer à travers mes journées, j'ai l'impression que je n'ai pas d'autre choix que d'anesthésier la partie de moi qui aime rire, vivre et s'ouvrir à un peu tout. Et ça se ressent quand je sors du labo, je me sens comme un fantôme dans le monde des vivants.
Alors hop! Un petit changement de direction. Je dois dire que je crois avoir collé une bonne frousse à papa-maman aujourd'hui. Je leur ai parlé 5 minutes au téléphone, encore sous les effets du pire lendemain de veille à jamais, tout simplement pour leur dire "Bah ouais j'aime pas ça, je serai pas une scientifique et je vais probablement lâcher l'école pour un an". Mouahah. Que je me suis sentie diabolique à cette seconde-là. En fait, je n'ai pas pris de décision encore sur ce que je ferai, j'aime bien être dans une espèce d'indétermination latente. Je pourrais entrer en littérature à l'automne, il n'est pas trop tard. En même temps, j'apprendrais peut-être plus sur le terrain, en vivant, pour avoir quelque chose à raconter. Et je me verrais bien aller rester quelques mois avec mon namoureux, juste pour voir. Voyager. Sac au dos, Amérique du Sud, asta la vista baby. Ensuite, je verrai bien ce que je veux pour l'université. Là, maintenant, je penche pour un programme qui s'appelle "Communications, politique et société". Une belle opportunité pour acquérir une distance critique sur la société, écrire là-dessus et manifester dans les rues en hurlant sauvagement des insultes contre le capitalisme (bon, j'idéalise un peu, mais c'est pas défendu non plus...).
Alors vendredi, j'ai fait un grooooos dodo. Et samedi, j'ai éprouvé une envie irrépréssible de me comporter de façon impulsive et/ou stupide, au choix, pour faire passer l'impression d'être un rat de laboratoire. Ça avait bien commencé: un pique-nique sur le Mont-Royal avec des amis, le soleil qui se couche sur la ville à l'horizon, quelques plaisanteries, une bonne bouffe. J'ai admis ne pas avoir compris le deuxième Pirates des Caraïbes (mais c'est vrai, quoi, il y a bien trop de personnages tous pareils!), ils ont ri de moi. On a ri d'un peu tout le monde, en fait. De la rousse qui s'est mangé un frisbee derrière la tête. De Lou qui est arrivé dans son t-shirt de cycliste ultra moulant. De Jo, seul gars avec 6 filles à la fin, un type super gêné, qu'on a converti pour l'occasion en player professionnel en le flattant toutes langoureusement dans le métro (il a probablement failli en faire une crise d'hyperventilation)...
Ça semble assez inoffensif, jusqu'à maintenant. MAIS. Yavait un autre party chez des amis plus tard. Chez les gars, en fait, chez le Bleuet et compagie, notre lieu de débauche de prédilection. Alors, sur le chemin, je passe à la SAQ et j'achète une bouteille de vodka. Ouh, la méchante mauvaise idée...
Une autre fiesta sympa. Je vais être triste lorsque nous allons tous déménager. C'est toujours un peu bancal, ya des gens qui sortent de nulle part, c'est jamais une soirée typiquement "cool". On prend tous une bière, assis dans le salon, la moitié du monde semble un peu coma. On prend un peu plus de bière (ou de vodka). On jase, on rit, on fait des conneries.
À une heure du mat', ya un petit vieux qui sort sur son porche avec sa canne et nous hurle des bêtises. On avait laissé la porte de la cuisine ouverte pour avoir un peu d'air et il est là, agitant sa canne dans notre direction. Je le vois et je réalise pas trop. J'appelle Mickey, chez qui la fête se déroule: "Chériiii, t'as un ami qui veut te parler". Ouais bon. Yavait pas l'air heureux, le monsieur. Il avait même un ptit caniche qui jappait à côté de lui pour faire bonne figure.
À un moment donné, je jase avec Benni. J'avais écrit, ya pas trop longtemps, que j'étais fière d'avoir réussi à parler de la politique sur les médicaments du Brésil en étant saoule. Eh bien! J'ai répété l'exploit. Et en plus, il était au courant! J'étais toute impressionnée.
Puis, je lui parle de mon namoureux (oui je suis une fille et je suis quétaine- non, ces deux termes ne sont pas mutuellement inclusifs, mais je me le permets une fois de temps en temps...). Je disais que je l'aimais vraiment beaucoup, en partie parce qu'il est à la fois insouciant et amusant, tout en étant intéressé par les questions de société, la littérature... Bref, qu'il a des choses à dire. Un gars pas trop loin de nous entend. On va l'appeler la Casquette, parce que je n'ai plus aucune idée de son véritable prénom. Il me demande " Ah oui, t'as des exemples?". J'étais sûre que ça ne cliquerait pas, lui et moi, au début de la soirée. Je sais pas pourquoi. Alors on commence à discuter, on parle de capitalisme, de pub, de société de consommation... Au début, il me dit que ça semble très convenu, et c'est vrai; ce sont tous des sujets sur lesquels les gens sont comme des perroquets. Ya quelques opinions et critiques "in" et tout le monde les répète. Mais, après un moment, la conversation prend d'elle-même son envol et ça devient intéressant.
On est dehors, sur la galerie (pas très loin du porche du voisin hurlant qui, heureusement, semble maintenant dormir). On discute non-stop. Il glisse "Ah oui, ma blonde et moi, l'autre jour, on était sur le mush et on pleurait dans le lit en pensant au sort de la planète". Bon, chacun ses trips, mais j'aimais bien l'image.
Et il y a eu un petit moment fragile. On croyait se taper sur les nerfs au début de la soirée, pour finalement se lancer dans une conversation intéressante. À un moment, dans l'obscurité de la nuit, je le sens qui met son bras autour de ma taille. Que ça. Ça ne dure qu'une fraction de seconde, juste assez pour que je ne doute pas que c'est arrivé. Sans un mot ou un regard, il retire son bras et la conversation continue. Un petit égarement d'une seconde n'engageant à rien. Je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui m'a autant remuée. Le bras autour de ma taille une seconde, une impulsion, le temps de réaliser que ce n'était pas sa place...
Les autres gars se sont alors mis à chanter à tue-tête dans le salon sur une toune digne de Garou (oui, ça m'a perturbée). Paraît que c'est parce que le chanteur vient de leur patelin et que c'est une tradition par chez eux. Je vois bien qu'il veut aller chanter, je le pousse, il hésite dit "je veux rester ahhh okay mais je reviens attends moi on continue à parler là". C'est cool, je ris de lui et de son envie de chanter comme un là-dessus. Je trouve Benni, je lui dis: "Benni, juste au cas où, reste pas trop loin!" Tout d'un coup que le bras de l'autre reviendrait dans le décor.
Un peu après, je suis finalement rentrée. Yavait un truc auquel je n'avais pas pensé: en ce moment, je prends des médicaments. Médicaments plus alcool égale pas bon du tout. J'ai été malade comme un chien toute la nuit. Quand j'ai repris un comprimé sur l'heure du midi, je suis repartie dans des montagnes russes intestinales interminables. J'en a bavé aujourd'hui... Incapable de manger, de boire ou de me lever. Juste malaaaaade.
À cinq heures de l'aprem', ça a sonné chez moi. Trois amis, dont deux que je n'avais pas vus depuis longtemps. Ils me connnaissaient de mon époque petite fille sage. Hum. J'ouvre la porte en joggings et t-shirt, avec les cheveux de Frankenstein et une tronche qui hurle "mais pour qui tu te prends de me réveiller à cinq heures de l'après-midi?!". Ils ont un petit peu ri. En fait, un gars, l'un de ceux que je n'avais pas vu depuis longtemps, n'a fait QUE rire doucement dans son coin. Un autre ne me lâchait pas. "Ah oui, on te réveille? Ah, tu sais que ton chandail est taché? Là et là! Hé, Blueyes, tu sais qu'il te manque un bas?". Ah, ben tiens. De toute façon, qui a besoin de deux bas, dans la vie?
Et d'autres personnes de la veille appellent. "Bon, si tu veux, on débarque chez toi, t'as même pas besoin de sortir de ton pyjama, on va se faire du fun!". Euh. Tu sais que la position verticale m'est fortement déconseillée si je veux garder le contenu de mon estomac dans mon estomac? Pas question. "Ah come on Blueyes, on va même t'emmener un peu de vodka! Ou tu préfères le whisky? Une bière, peut-être?". Ouais, riez...
Je me rendors, je me réveille de nouveau, complètement déshydratée. Bonne nouvelle: mon corps accepte désormais l'eau! Wouhou. Je me sens d'attaque pour venir écrire un peu (d'ailleurs, je crois être présentement dans une rage boulimique d'écriture, ça n'arrête plus).
On cogne à ma porte de chambre.
Voix: Allooo, c'est Charles, tu me connais pas, mais on voulait savoir si tu voulais venir inhaler certaines substances avec nous. (il parlait de fumer un joint, en fait)
Moi: Nah c'est déconseillé avec les médicaments.
Charles: Je t'entends pas!
Moi, plus fort: Tu sais, tu peux ouvrir la porte, Charles.
Charles, mettant sa tête dans l'embrasure: Tu disais?
Moi: Crois pas que c'est une bonne idée avec les médicaments.
Coloc, dans le background: Ahhh come on pourquoi pas!
Moi: Ben tu sais, l'alcool, hier soir, ça n'a pas été très concluant.
Coloc, toute fière de son raisonnement: Ben oui, justement! C'est pas de l'alcool, c'est de la drogue!
Je vis avec la descendante d'Einstein. Mais voilà, je suis toujours à jeun dans mon lit et je crois que c'est le bon moment pour retourner à mes songes. Surtout que je travaille demain... (sentez l'enthousiasme délirant).
Commentaires :
|
StephaneHeuet |
A défaut d'aspirineBlueyes, tu vas me trouver impitoyable dans l'état où tu es. Car j'en ai connu des gueules de bois. Dans d'autres vies j'ai comme toi dépassé la ligne certains soirs, ne me souvenant même parfois pas de certains épisodes de la soirée précédente, jusqu'à ne pas reconnaître la fille que je trouvais dans mon lit, ou, variante, le lit dans lequel je me réveillais. Ces lendemains de bamboulas, j'admire d'ailleurs ta force de récupération, je n'aurais même pas pensé à écrire quoi que ce soit depuis mon lit. Aussi aurais-je envoyé aux mille diables le fou qui m'aurait parlé de Proust à ce moment-là, comme je vais pourtant le faire.
Préambule : Plus je rencontre d'étudiants ou de Proustomanes, Proustologues, (Proustitués ?) de Paris à Brest et de Rio de Janeiro à Téhéran, plus je constate, d'abord, que les garçons doivent attendre dix ans de plus que les filles avant de concevoir un quelconque bénéfice à la lecture de "A la recherche du temps perdu" (cf Blueyes et les "lobotomisés"). Si l'on considère, ensuite, qu'il faut avoir vécu, souffert, aimé, pour découvrir la magie de ce texte, pour avoir la révélation qu'il permet à son lecteur de "lire en lui-même", encore faut-il qu'il y ait "quelque chose à lire", ce qui repousse encore la date à laquelle il est opportun de lire le livre probablement le plus important du XX° siècle (et des autres, qui sait). Il est heureusement quelques êtres sensibles (je ne l'étais probablement pas assez, trop occupé à brûler la chandelle par les deux bouts, et il m'a fallu attendre la trentaine bien tassée pour tomber amoureux de ce livre), qui dès la fin de l'adolescence, sont capables d'aimer "La Recherche". Peut-être as-tu déjà lu Proust. Si je te raconte tout ça, c'est qu' il y a dans cette œuvre deux passages qui, à mon sens, définissent de façon admirable, limpide, inédite, euh, bon tu as compris l'idée générale, l'Art. L'art — le style— de l'écriture, de la musique, de la peinture etc. ; l'un, le premier, extrait de "la Prisonnière", le second du "Temps retrouvé" (il y a 7 livres dans "La Recherche"). Ils se suffisent à eux-mêmes, je crois, et je crois que ces mots te concernent. Voici le premier : “ ... l’art, l’art d’un Vinteuil comme celui d’un Elstir, le fait apparaître, extériorisant dans les couleurs du spectre la composition intime de ces mondes que nous appelons les individus, et que sans l’art nous ne connaîtrions jamais ? Des ailes, un autre appareil respiratoire, et qui nous permissent de traverser l’immensité, ne nous serviraient à rien, car, si nous allions dans Mars et dans Vénus en gardant les mêmes sens, ils revêtiraient du même aspect que les choses de la Terre tout ce que nous pourrions voir. Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est ; et cela, nous le pouvons avec un Elstir, avec un Vinteuil ; avec leurs pareils, nous volons vraiment d’étoiles en étoiles.” et voici le deuxième, qui exprime la même idée : “... car le style, pour l’écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun. Par l’art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et qui bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont ils émanaient, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient leur rayon spécial. “ ... Pouvoir "Voir le monde avec les yeux d'un autre", voilà, Blueyes, ce que tu vas devoir donner à tes lecteurs. Stéphane |
|
Blueyes 28-05-07
à 22:42 |
Re: A défaut d'aspirineOuais, bon, je commence à m'y faire, à ces lendemains de bamboula, comme tu dis. On apprend à prendre son mal en patience sans se promettre à tort et à travers de ne plus recommencer, et à convaincre ses colocs de préparer du bouillon de poulet ou autre remède maison... Jusqu'à ce qu'on réalise que le bouillon de poulet ne passe pas. Mais ça, c'est autre chose... Non, je n'ai jamais lu Proust. Maintenant, je me dis que je devrais, car avec ces citations, il acquière un statut en quelque sorte spécial, du genre "attention aux dommages intérieurs que cette lecture pourrait provoquer". Ces quelques phrases seulement m'ont fait une forte impression, on ne peut pas vraiment se voiler la face à leur lecture, elles frappent de plein fouet. Alors non, je n'enverrai pas balader le "fou" qui me parle de Proust alors que mon estomac et mon foie se remettent à peine des traumatismes du week-end, au contraire. On me l'avait souvent dépeint comme un éternel inaccessible, mais peut-être pourrais-je en retirer quelque chose. Enfin, j'espère. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir lu des mots illustrant ce que j'avais déjà vaguement cherché à exprimer, d'une certaine façon... Bien qu'il me semble un peu prétentieux de me citer moi-même, surtout après la beauté des citations de Proust, j'ai fouillé dans de vieux cahiers de voyage en entrant chez moi et j'ai retrouvé, dans un coin de page, les quelques mots suivants: "Le monde est une prolongation de notre dimension intérieure. Il est entièrement soumis à la subjectivité de chaque être. Je ne suis pas dans le monde, celui-ci est plutôt en moi, copie plus ou moins conforme d'une "réelle réalité" à laquelle je n'aurai jamais accès. "Je pense" implique l'existence d'un moi, qui biaise le regard et rend l'extérieur personnel à chacun. Les émotions que nous ressentons influencent notre perception, dès lors, le monde que l'on pense connaître est une image intérieure, une déformation de quelque chose d'inaccessible". C'est un peu tout croche, mais admettre ensuite autant de ces mondes qu'il y a d'individus, et considérer que l'art permet de les faire connaître en nous dévoilant le regard propre à un autre, ça semble... magistral, tiens. Presque parfait. Et soudainement beaucoup plus clair. Ya des ptites chances que je m'entende bien avec Proust. |
|
StephaneHeuet 29-05-07
à 02:56 |
Tout pigé, BlueyesEt voilà, ça ne m'étonne pas beaucoup, tu énonces de façon limpide le rapport de l'homme avec ses congénères, et le rôle essentiel de l'Art dans cette affaire ; tu vas sans doute gagner vingt ans sur le commun des "semi-lobotomisés". Je me souviens avoir lu il y a dix ans un texte d'André Maurois disant combien la véritable éternité de Proust était autant dans la faculté qu'il avait, par delà la mort, de nous faire pénétrer dans son univers que dans le phénomène de mémoire involontaire révélé par la fameuse madeleine trempée dans le thé. Après tout, d'autres l'avaient pressenti comme Chateaubriand avec la grive de Montboissier des" Mémoires d'outre tombe".
Cela rejoint cette idée qu'on n'écrit pas pour devenir écrivain. Par dessus tout, écrire c'est revivre ce qui a été vécu pour le comprendre et l'exprimer. Après, que tes lecteurs soient dix ou dix millions, contemporains ou posthumes, c'est secondaire et relève plus de la recherche d'une existence confortable (qui aide à créer, aussi) que de l'essence même de l'acte d'écrire. Reste que Gustave Flaubert, Stefan Zweig, Nathalie Sarraute, L-F Celine, J-K Huysmans etc. ne seraient probablement pas parvenus jusqu'à ma petite cervelle s'il n'y avait eu des éditeurs inspirés, des critiques passionnés, des scandales, des textes alimentaires, bref, le succès. A mon niveau d'avorton je suis obstiné par l'idée de rendre mes livres les plus séduisants possibles, non pour le plaisir de plaire, mais parce qu'un livre est un être vivant, qui craint la mort. Il faut le muscler, lui développer les bronches, lui donner toutes les armes pour survivre aux modes, au temps, à l'oubli. Il en est ainsi pour toute œuvre d'art. Tiens regarde, mon atelier est à cinquante mètres du Louvre, et je vais souvent y traîner mes guêtres (d'autant qu'il y a un restaurant épatant sous les arcades dans la cour Napoléon) : Eh bien tous les jours, des milliers de Japonais, de Hollandais, de Libanais, de Mexicains etc. des jeunes, des vieux, des femmes et des hommes viennent se planter devant La Joconde, et restent là, fascinés, émus. Moi c'est ça qui me fascine : Ce Léonard de Vinci est réduit en poussière depuis des siècles, et il continue à émouvoir les hommes. Ce n'est pas un peu l'éternité, ça ? |
|
Blueyes 30-05-07
à 00:12 |
Re: Tout pigé, BlueyesJe vais me faire brève (ou plus brève qu'à l'habitude), car environ 99% de ma cervelle est monopolisée par des petits soucis d'ordre commun. Dès lors, la réflexion se fait un peu plus ardue qu'à l'habitude. Alors, une petite économie de temps pour moi en perspective? Bon, pourquoi pas sauver un petit vingt ans vis-à-vis des êtres à l'intelligence partiellement déficiente et/ou des rats de labos qui m'entourent, mais en même temps, j'ai bien envie de ne pas prendre cette "avance" en considération ou même de ne pas l'envisager en tant que telle... Car, après tout, ne manquerait que A) Je ne décide de m'asseoir sur mes fesses bien confortables en regardant le monde de haut ou B) Une prétention mal placée ne finisse par me rendre le monde inaccessible. Cependant, j'ai bien l'intention de faire pour ma part mon rat de bibliothèque et de profiter au maximum des lectures qui m'attendent, et me promettent tout de même une certaine évolution. Pour ce qui est de l'art... À mon avis, on ne peut que tout donner et espérer ensuite. L'important, pour moi, sur la feuille ou dans la vie, est d'essayer de se départir le plus possible de vieux réflexes pour se voiler la face ou ménager les confrontations de son "intérieur" avec le monde réel. J'ai l'impression que ce n'est qu'avec une brutale honnêteté, quitte à violer tout à fait sa zone de confort, que l'on parvient à rendre réellement compte d'un univers intérieur qui se démarque. Indépendant des apparences que l'on se donne. Alors pour l'instant, l'écriture, pour moi, c'est surtout un travail de tous les instants pour être la plus honnête possible, ainsi qu'un combat contre de vieux réflexes de préservation. Le jour où je saurai, moi, personnellement, que j'ai dévoilé ma vision du monde de façon simple et claire, je crois que je serai heureuse. Il appartiendra aux "autres" de juger de si elle leur semble également claire et limpide, ou même intéressante. Évidemment, on peut toujours travailler le style, la présentation... Il s'agit vraiment de la tâche d'une vie. Et ceux qui parviennent réellement à dévoiler leur regard d'un coup de pinceau ou en quelques mots, les maîtres, eh bien oui, c'est l'immortalité. Rien n'est plus personnel que sa vision du monde, je crois, et la leur est partagée par les générations suivantes... Elle continue d'exister à travers leurs oeuvres. |
|
StephaneHeuet 30-05-07
à 03:05 |
en brefRat de labo ou rat de biblio, c'est égal. Mon père disait que les conseils font surtout plaisir à ceux qui les donnent, et je ne peux que marquer le pas et te dire que le plus prudent (et pas le plus bête du tout) est bien d'opter pour une formation diplômante, donc la filière scientifique que tu évoques souvent. C'est ce que j'ai fait moi-même, et ça mène à tout à condition d'en sortir.
Un mot avant de clore, je n'avais pas le sentiment, ou c'est que décidément je m'exprime comme une carafe, d'avoir parlé de supériorité, de "regarder le monde d'en haut". Bien au contraire. Quant à être la plus honnête possible, ça me rappelle, et j'ai toujours aimé ce que ce qu'il écrivait sur son travail, ce qu'E. Hemingway disait à propos d'une phrase honnête, qu'il fallait tendre vers ça, essayer d'écrire au moins une phrase honnête. Allez, ciao Blueyes, tu as du boulot. Stéphane |
|
Blueyes 30-05-07
à 21:14 |
Re: en brefOui, je sais, j'ai du boulot. Et je sais même pas par où commencer, alors j'ai intérêt à me retrousser les manches! Mais rapidement... Tu penses vraiment que c'est mieux de diplômer dans une filière scientifique? Car la question n'a jamais été de savoir si j'irais ou non à l'université, mais bien en quoi... Avoir les capacités pour être physicien ou ingénieur rend-il cette solution plus acceptable, en tenant compte du fait qu'il ne s'agirait que d'un boulot un peu ennuyeux, mais pas détestable non plus? J'en sais trop rien, je me le demande. Je me demande aussi surtout si pour passer à travers de telles formations, il ne faut pas "oublier" certaines autres parties de soi. Peut-être pas, peut-être que ça revient, ahhhh!! J'ai vraiment l'impression de ne pas savoir où j'en suis. Enfin, peut-être les conseils font-ils plaisir à ceux qui les donnent avant tout... Mais même s'ils me passent probablement trop souvent 10 pieds au-dessus de la tête, c'est tout de même intéressant de connaître l'avis de quelqu'un qui a pu se retrouver dans une situation vaguement similaire. Ou peut-être pas, on verra! Bref, merci pour ton avis de façon générale. :) |
|
StephaneHeuet 31-05-07
à 03:18 |
cartable etc.Il y a des écrivains, il y en a pas mal, qui ont commencé tout de suite. Je connais aussi des dessinateurs qui n'ont jamais pensé faire n'y essayé de faire autre chose que de la bande dessinée. Mais ceux que je connais, écrivains ou auteurs de bd, je ne les connais que parce qu'ils ont réussi. Que sont devenus ceux qui, après vingt ans de vaches maigres, de commandes alimentaires dans la pub ou les associations, de fois où "ça y était", où ils croyaient que l'heure était venue, ont fini par renoncer, épuisés, aigris, jaloux de leurs copains qui semblaient ne pas avoir plus de talent qu'eux ? Combien de femmes, lassées de promesses de jours meilleurs ont décidé de planter-là un alcoolique désabusé en fin de parcours à qui on n'a pas "donné sa chance". Et pour finir, et c'est presque pire, combien de chanteuses d'opéra ou danseuses d'arrière-plan défroquées pourrissent la vie de leur enfant en les forçant à aller vers une carrière pour laquelle ils ne ne ressentent pas la pulsion nécessaire ?
Et il y a ceux qui écrivent en douce, qui peignent secrètement. Pour sûr ils ne travaillent pas beaucoup à leur art, ils ne s'acharnent pas, fièvreux, hallucinés, des nuits et des jours à faire et refaire, ils ne sont pas non plus comme Balzac, poussés aux fesses par les créanciers, muses bien involontaires et sage-femmes inconscientes de provoquer la naissance d'œuvres géniales. Mais ceux-là, qui ont pris une autre voie, à l'heure de cette incontournable orientation, que celle de leur inclination artistique, n'ont pas choisi pour autant le confort, le refuge, l'abri d'une carrière moins risquée. C'est bien d'oser, c'est bien d'être humble. Il faut se lancer, mais si on a l'élan nécessaire. A vingt ans, je dessinais déjà, et je me dis parfois qu'aujourd'hui j'aurais peut-être vingt albums derrière moi. Mais ma vie m'a nourri de choses que je n'aurais jamais vécues. Instruit de savoirs que j'aurais méprisés ou simplement contemplés comme un aborigène un pianiste. Ce n'est pas une voie que tu vas choisir à la place d'une autre, mais une voie avant une autre. A vingt ans j'étais marin, à Djibouti. Et j'ai bourlingué dans tout l'Océan Indien. Les quarts de nuit à la passerelle, les queues de typhons au Cap d'Ambre, le point astro quand le jour point et que les étoiles luisent encore, par la sainte culotte de Dieu, que j'ai aimé ! Après la Marine, j'ai été directeur artistique dans la publicité. Toute l'énergie, l'opiniâtreté dont j'ai dû faire montre, la faculté de travailler jusqu'à huit heures du matin pour pondre une maquette, les échecs qualifiés, chiffrés, commentés, c'est grâce à ça que je fais ce que je fais quand tant d'autres ne le font pas, ou ne le font... plus. Apprends la magie du monde le jour, regarde-le avec des yeux d'artiste la nuit. J'ai conservé plusieurs amis, depuis la fin du lycée, qui maintenant occupent des postes importants dans le domaine de la recherche. Ils sont sympas, cultivés, ouverts d'esprit, ce ne sont pas (à la différence des médecins, je ne sais pas pourquoi les médecins sont si peu cultivés en France) des "monotâches". La science ne coupera pas tes ailes de papillon. Sur les bateaux, on a ces balises thermiques qu'on lance à l'eau pour signaler un homme à la mer ou une position, en général. Quand on les utilise, tu imagines que ça remue, que ça souffle, que ça déferle, qu'on ne distingue parfois même plus le haut du bas et l'air de l'eau. Mais ces balises au phosphore ne s'éteignent jamais. Evidemment il ne faut pas que tu laisses s'éteindre cette flamme sacrée qui t'illumine. Mais je ne suis pas très inquiet. Tu marches au phosphore. |
|
Blueyes 31-05-07
à 20:22 |
Re: cartable etc.C'est peut-être con, mais je crois pas que je serais capable de passer mes journées à écrire tout le temps en tant qu' "écrivain". Enfin, pas maintenant. Je suis curieuse de nature, jamais vraiment satisfaite de ce que je sais ou comprends, et écrire ça a beau être se découvrir soi, en quelque sorte, en mettant son regard sur papier et en l'observant de loin, j'ai besoin d'apprendre des choses sur le monde extérieur aussi. Sur les gens, sur l'histoire, sur la science, sur la société, sur un peu tout ce qui s'apprend. Là-dessus, je suis comme une enfant, j'imagine. C'est toujours surprenant et intéressant, je me sens un peu comme Christophe Colomb découvrant l'Amérique quand la physique quantique remet ma vision du monde en question. Par exemple. Ou quand on m'apprend les rouages du néo-libéralisme. Alors je n'arrêterai pas d'étudier, c'est certain. La question, c'est surtout, "mais quel domaine me permettra de continuer ainsi?". Car j'ai été plutôt gâtée, côté diversité, jusqu'à maintenant. J'ai l'impression de dramatiser, car quand j'y pense rationnellement, je réalise que la réponse est toute bête: il ne s'agit que de concevoir qu'une personne n'est pas limitée à être définie de par son métier ou ses études. Tu l'as dit, rares sont les "monotâches". Mouais. Je devrais me calmer un peu et consacrer ma ptite cervelle à autre chose. N'empêche. Écrire, ça reste vital. C'est un peu une question de style, d'individualité. C'est même au centre de la question, je crois. Et parfois, je me dis qu'on se dévoile à soi-même au fil d'événements et d'aventures qui nous montrent tels que nous ne nous serions pas imaginés avant. Moui... (réflexion) On ne vivra pas les mêmes selon ce que l'on fait, mais on en vivra tout de même. Alleluia. |
|
Blueyes 28-05-07
à 22:48 |
Re:Ouaaaaaaais... Et peux-tu croire que presque deux jours après toute cette ingestion d'alcool, soit ce matin, j'en avais encore l'estomac tout à l'envers? Et seulement pour un tiers de bouteille de vodka (ouh, la femmelette...). S'agissait plutôt de deux tiers, selon mes amis, mais je suis sûr que c'est pour qualifier leurs "emprunts" éhontés à même ma bouteille lol. Sinon, bah oui, je vais survivre au stage, c'est pas siiii terrible. Je vais pouvoir participer au concours du teint le plus blême à la fin de l'été, par contre: maintenant, je suis dans une pièce noire, enfermée toute seule, pour faire des tests sur des lasers. Tiens, en plus, je vais être radioactive à la fin de l'été, chouette! Bon moi j'y vais, je suis bien contente de t'avoir "retrouvée" aussi, tiens, je vais aller de ce pas te visiter un peu! bisous |
|
labixiaoxin 15-01-13
à 20:56 |
China Swimwear Manufacturer + wholesale bikini swimwearDo you love summer? The answer must be yes to most swimwear shopkeepers and China swimwear manufacturer. If you are shopkeeper or retailer, just view more fashion swimwear and bikini on Dear-Lover wholesale bikini swimwear. The online website will totally surprised you!
|
à 06:17